…
Continuant les œuvres du compagnon d’Ignace de Loyola, François Xavier qui arrivèrent en Inde en 1542, les Jésuites de la région de l’Océan Indien ont acceptèrent à la hâte la proposition de participer à l’exploration de 1613. Luis Mariano s’embarquant pour l’Île Rouge, passant par Mozambique pour établir où et comment y annoncer l’Evangile. Il arriva au Mozambique avec le Capitaine d’Azevedo et compagnons, il toucha Mazagalem (baie de Boina), à quarante kilomètres vers le Sud de Mahajanga, se poursuivit la côte Ouest, accueilli avec sympathie par la population, en particulier à Sahadia (Morondava, à l’embouchure du fleuve Manambolo). Le P. Mariano nota que les habitants tout proches de la côte parlent la langue malgache en adoptant le vocabulaire swahili, et ceux de l’intérieur emploient un dialecte apparenté au malais. Continuant leur voyage vers le sud, il passa le cap Sainte-Marie, parvint à Ranofotsy à l’Ouest de Tolagnaro, dans la région Anosy, et rencontra les Zafi-Raminia (17è génération) qui conservent des éléments de l’islam par les traditions et les Sorabe. Il eut l’occasion de découvrir une île (nosy Trano Vato) à Fanjahira, où des Européens portugais ont construit un fort et élevé une croix. Probablement, il s’agit des naufragés survécus de 1527, plus tard ils se sont mariés avec des femmes autochtones, mais leurs descendants se distinguaient encore par des croix au cou[1], et ils ne savaient plus sa signification. Les Portugais demandent au roi de l’Anosy son fils de 12 ans, Andria Ramaka, pour être instruit à Goa, pensant qu’il serait chrétien un jour et aiderait les Jésuites à implanter le christianisme dans son peuple. Le roi Tsiambany accepta la proposition. Il avait eu déjà des relations avec les Hollandais, alors il s’inquiet de l’arrivée des Portugais, et sans tarder il reprend la parole et refuse de la départ de son fils, mais les portugais décidèrent d’embarquer de force le jeune prince, le 30 novembre 1613 pour arriver le 16 mai 1614 à Goa, où le jeune prince fut confié officiellement aux Jésuites, mais il tomba malade. Après sa guérison il demanda le baptême. Instruit rapidement, il fut baptisé solennellement avec l’appellation don André. Intelligent, il apprend très vite pendant deux ans. Le P. Mariano le retrouva à Goa au mois d’octobre 1614, après avoir fini sa première exploration à Madagascar[2].
La nouvelle exploration de 1616 permit les Jésuites de partir en mission, en compagnie de don André (Andria-Ramaka), pour s’installer à Sahadia et à Fanjahira, mais la situation à Anosy doit être très délicate. Avec le responsable du groupe, à leur arrivé, les Portugais exigèrent au roi Tsiambany de livrer deux otages de ses parents, pour la sécurité des Jésuites, ensuite ils sont parti en Inde, les otages sont bien accueillis à Goa. Tsiambany qui a reçu de nombreux cadeaux et son fils, lutta pour que don André se détache de ces religieux. Il est encore très jeune pour convaincre son père, et les missionnaires sont devenus de plus en plus isolé de la population. Le P. Mariano et un de son confrère rejoignent les compagnons à Sahadia au mois de juin 1616. Et quand un navire qui transporta les otages, arriva en juin 1617, les deux jésuites abandonnèrent la région et la mission auprès des Antanosy, car ils furent empêchés de circuler, malgré le respect du roi. Ils continuèrent la mission dans la région Nord-Ouest de Madagascar, songeant de démarrer une nouvelle Mission. Les Jésuites tentèrent de travailler auprès des jeunes, ils s’intéressaient au départ par les nouveaux chants, pourtant se retirent vite. Alors, lorsque le bateau qui vient d’Anosy passe vers eux, ils sont rentrés en Inde. L’échec sera mal perçu à Goa et le religieux seront dénigrés d’anxiété.
Le P. Mariano ne cède pas à l’échec, c’est un homme courageux, et en 1619, revenu à Mozambique, base portugaise, il repart pour Boina, le premier essai en juin de la même année fut de nouveau un échec, mais en novembre, dans le cadre d’un accord commercial entre les Antalaotra et les Portugais sont conclu et agréa au P. Mariano de vivre tranquillement à Mazagalem (Boina) et il eut l’occasion de reconnaître la région de Betsiboka en allant jusqu’à Anorotsangana. Un document de 1630 démontre qu’après avoir travaillé à Mozambique, il fut appelé par le roi Itongamaro d’Anorotsangana, mais peu de temps après il devait mourir. Enfin, les Jésuites abandonnèrent complètement leurs missions à Madagascar, plusieurs tentatives sont faites pendant presque vingt ans, mais après sa suppression, la Compagnie reviendra à Madagascar pour une nouvelle mission.
[1] Dans la Vallée de l’Onilahy, des descendants des immigrants Antanosy, au temps de Radama I, portent encore dans une partie du corps cette croix comme signe traditionnelle de leur clan d’origine, la majorité est de teint clair.
[2] B. HÜBSCH, Madagascar et le Christianisme, 166-168.
Pour savoir plus, voir le lien ci-dessous.